20 septembre 2011

La lettre du collectif Roms Val d'Oise

Voici la lettre de Jean Pierre Dacheux (cf. Résistance et Romanitude), du collectif Roms Val d'oise qui a déjà sévi à Deuil la barre (cf.Le café-débat).

Cette lettre accompage celles du collectif (cf.
Monsieur le Maire) et de la Ligue des Droits de l'Homme à l'intention de M. le Maire contre sa demande incompréhensible d'expulsion

Abandonner ses semblables, c'est renoncer à la civilisation !

« Monsieur le Maire de Deuil a bien agi » : ainsi se résume la décision du Tribunal administratif de Cergy-Pontoise qui considère que les seize familles Roms qui s'étaient indûment installées sur une propriété privée de la commune n'ont plus qu'à quitter les lieux. Fermez le ban. (cf. Recours non accepté et sans aucune motivation)

La question à laquelle ne répond aucun maire, qu'il dirige une municipalité de droite ou de gauche, est désormais la suivante : « n'est-il, pour ces êtres humains, quels que soient les efforts et la patience des citoyens qui tentent de les accompagner quotidiennement, aucune solution satisfaisante pour qu'ils vivent quelque part ? Que faire, alors, d'eux ? » (cf. Roms à Deuil = interpellations politiques)

« Qu'ils retournent d'où ils viennent », entend-on dire ! Mais, pardon : d'où viennent-ils ? D'un pays de l'Union européenne. Les Roms, l'un des peuples constituants de l'Europe, depuis sept siècles, est chez lui en Europe, donc en France. Comme, bien sûr, nos compatriotes, les 500 000 Français tsiganes, pour la plupart sédentaires, mais aussi comme les 20 000 étrangers roms, souvent roumains, qui ont fui une misère pire que celle qu'ils connaissent ici (cf."Rom" ou "Rrom"? That is the question)

La scolarisation (obtenue), les soins pour les mères, les enfants et les malades (effectués), la recherche d'assainissement des conditions de vie (avaient été engagé l'accès à des latrines, à des poubelles, à à des extincteurs), toutes ces actions sont, d'un coup, anéanties ! Surgit alors cette angoisse : si ce qui s'est fait à Deuil, avec prudence et compétence, n'a servi à rien, qui donc, ailleurs, pourra agir auprès de ces condamnés permanents devant constamment fuir, ou braver la loi !

C'est notre propre dignité citoyenne qui est, à présent, en cause. Que nous devions, impuissants, être réduits à constater que des familles, avec lesquelles s'étaient créé des liens, n'aient nulle part où aller bien qu'elles puissent librement circuler, à condition de ne jamais s'arrêter, à quelque chose d'insensé, de kafkaïen, et de très dangereux, car cela conduit à la pire des exclusions. Dans une période de grande difficulté pour les personnes modestes, la cruauté se banalise.

Nous ne saurions nous résigner à observer cette mise à mort lente, le bannissement, d'une petite partie de nos semblables. L'hospitalité est un dû aussi impératif que le droit de propriété.

Jean Pierre Dacheux

PS : La présence de Roms à Deuil est une chance pour ses habitants

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